L' Histoire de notre Maison d'hôtes débute avec la "Via Aurélia" Gallo-Romaine...
...Et celle des Chambres d'Hôtes actuelles commence avec la Révolution Française!
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HISTOIRE du PRIEURE et de la SEIGNEURIE ECCLESIASTIQUE de La LAUZADE,
Commune du LUC en PROVENCE, VAR ,
par
M. BAUDOIN, correspondant de
la SOCIETE D'ETUDES SCIENTIFIQUES ET ARCHEOLOGIQUES DU VAR, Année 1958.
L'abondance des monnaies frappées aux effigies de Néron, Vespasien et autres empereurs, recueillies à la Grande Lauzade, le grand nombre de tombes rencontrées dans les champs, les trouvailles de multiples vestiges (tuiles à rebord, poteries, meules, etc...) attestent un peuplement important des lieux à l'époque gallo-romaine: fundi avec leurs sanctuaires, vicus de cultivateurs, le tout établi sur de bonnes terres, dotées de sources nombreuses et proches des bois sacrés.
Ajoutons que nous sommes ici non loin d'une grande route de l'Antiquité, la Voie Aurélienne qui, à une lieue, venant de Fréjus, s'infléchit vers Cabasse.
Mais la fin de l'Empire approchait. déjà, au IIIème siècle, les Barbares du Nord avaient, foulé le sol de la Gaule. Après la chute de Rome, la région provençale, ravagée par les flots successifs des invasions, voit passer, tour à tour aux IVème et Vème siècles: Vandales, Burgondes et Wisigoths suivis, au VIème des Francs et des Lombards. Les Sarrazins viendront plus tard et, pendant deux-cent cinquante ans, décimeront nos contrées.
C'est, pendant cette triste période, que les habitants de La Lauzade durent se réfugier, aux heures critiques, sur une hauteur dite de " La Magdeleine " ou de " La Retrache ", réoccupant ainsi le vieil oppidum ligure qui, d'un fier talus, domine de l'ouest la vaste plaine du Luc.
Il faut arriver aux XI° et XII° siècles pour, trouver, dans les chartes, la présence, à La Lauzade, d'une église dédiée à la Mère du Christ, sous le vocable de " Notre-Dame la Dorée " (Daurata). D'autre part il est manifeste que c'est la même église qui recevra, postérieurement, le nom " Sancta Maria de Laudata " (N.D. la Louée), qui deviendra, en provençal : " la lauzado ".
Toutes les chartes connues placent ce sanctuaire dans le territoire, du Luc qui n'aurait, parait-il, jamais connu d'autre temple rural consacré à la Vierge Marie. Il appartenait, au début du XIème siècle, à un riche notable nommé Gunsfred, qui en fit don, en 1042, au monastère des Bénédictins de Montmajour d'Arles. (Acte passé dans le Monastère de Correns, signé par le donateur qui apposa son sceau, par ses 4 fils et 15 témoins) ce qui fait admettre la présence, en ce lieu, d'une agglomération rurale, probablement d'un petit village fortifié car il figure, sous le nom de " Castrum de Lauzada " dans le tableau des paroisses du diocèse de Fréjus au XIIème siècle.
Vers la même époque, un autre seigneur nommé Stibleria, et Foi son épouse, et son fils, remirent aux moines de Montmajour tous leurs biens situés dans le terroir de La Lauzade. La donation fut, également, signée à Correns et reçue par le Prévôt Amalric et par Rostaing, moine de ce Monastère.
Malgré des actes aussi solennels, les moines de Montmajour virent leurs droits sur La Lauzade, contestés par les religieux de l'Abbaye de St-Victor qui se plaignirent à l'évêque de Fréjus, Bertrand, lequel, en 1085, leur donna satisfaction. Son successeur, Bérenger, consulté à nouveau sur cette affaire, confirma. en 1099, la sentence de son prédécesseur.
Les religieux de Montmajour, devant les décisions prises par les deux évêques, décidèrent de faire appel à Gibelin qui fut archevêque d'Arles jusqu'en 1110. Ce prélat, homme fort réfléchi et prudent, ne voulut condamner aucune des deux parties et leur attribua, à chacune, la moitié de l'église Ste-Marie-la-Dorée de La Lauzade.
Cette sentence ne satisfit point les chanoines qui, malgré la décision rendue, continuèrent à percevoir tous les droits et bénéfices dépendant de l'église de La Lauzade.
Afin d'obtenir justice, les religieux de Montmajour eurent alors recours au Souverain Pontife lui-même et ils citèrent, devant le tribunal apostolique, les moines de l'Abbaye de St-Victor avec lesquels ils étaient entrés en conflit au commencement de leurs démêlés au sujet de La Lauzade.
Dans leur requête, ils exposèrent que l'Abbé de St-Victor avait reçu l'église Ste-Marie-du-Luc des mains, de laïques, à la suite même de quelque commerce tandis qu'eux-mêmes l'avaient recueillie des mains de l'Evêque.
Une haute décision du pape Pascal II confirma la sentence du Métropolitain d'Arles. L'évêque de Fréjus fut prié de la faire exécuter dans toute sa teneur. C'est ce que se disposa à faire, peu de temps après l'évêque Bérenger. Nous pensons toutefois, qu'un accord intervint bientôt entre les parties adverses car, dans la bulle, en date du 23 avril 1113, du pape Pascal II, l'église et la cella de N.D.-la-Dorée sont mentionnées parmi celles qui se trouvent possédées par le Monastère de St-Victor.
C'est, vers la même époque, que ce dernier monastère céda l'église, avec ses dépendances, aux chanoines du Chapitre de Pignans comme ont peut s'en rendre compte par la lecture de la bulle d'Eugène III, en 1152, et de celle de Clément III, en 1188, bulles qui confirmèrent la possession au dit chapitre.
Nous axons déjà vu qu'en 1042 il existait un sanctuaire chrétien à La Lauzade. A ce titre, La Lauzade possédait un prieur qui était sous la dépendance du chapitre de Pignans et qui assurait le fonctionnement d'un service religieux. Ce bénéficier était imposé, pour les décisions ecclésiastiques, pour la somme de 13 livres et 8 sous d'or.
Les vieilles archives nous permettent de citer quelques-uns des anciens Prieurs de La Lauzade; voici, leurs noms :
en 1128, Amélius, témoin à la donation du castrum faite par Raymond Berenger aux chanoines de Pignans;
de 1130 à 1440, Raymond, témoin à la confirmation de cette donation par le fils de Raymond Bérenger;
de 1190 à 1208, Lèger, témoin à une nouvelle confirmation faite par Alphonse roi d'Aragon, comte de Provence, petit-fils de Raymond Bérenger;
en 1239, Jean de Condamine, témoin à la cérémonie de l'hommage-lige rendu à Aix, dans l'église St-Jean, le 21 février de la même année, au comte de Provence, par 15 archevêques, évêques ou prévôts;
en 1246, Hugues de La Tour;
en 1415, Jean Dragonis;
en 1442, Jacques du Puget et,
en 1464, Guillaume de Pontevès.
Enfin, en 1486, le prévot de Pignans, Julien de la Rovère, alors vice-légat à Mignon, réunit le prieuré de La Lauzade au chapitre de la Collégiale. A partir de ce jour, il n'exista plus de prieur particulier; la juridiction spirituelle, ainsi que les revenus, appartinrent au Chapitre qui se chargea du service religieux. Cependant, en ;1501, nous trouvons encore un prieur spécial à La Lauzade: c'est Antoine Filholi, né au Luc, qui devint, successivement, évêque de Sisteron, archevêque d'Aix et mourut, en 1541, dans cette ville, à l'Age de 102 ans.
Durant les guerres de religion qui désolèrent la Provence, surtout à la fin du XVIème siècle, La Lauzade eut beaucoup à souffrir. Nous présumons que le village fut, à cette époque, passagèrement déserté et l'exercice du culte, dans la paroisse suspendu car, d'après Girardin, les habitants se réfugièrent, partie au Luc, partie à Gonfaron. Cet abandon fut précédé, précise. l'historien Papon, d'un combat violent et acharné entre les Razats et les Carcistes dans la plaine que se partagent les deux communes et dont La Lauzade occupe le bord occidental.
On voit, d'après les actes publics de cette sombre période, en quel état furent réduits le prieuré et l'église. Dans le procès-verbal de la visite pastorale du 27 avril 1582, l'évêque de Fréjus constate que l'église ne contient plus que 3 rétables ou autels dont un seul est recouvert de ses nappes, et qu'on y trouve des fonts baptismaux fort anciens. Il prescrit d'y célébrer la messe tous les dimanches et jours de fête...
...à suivre...